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"On est allé chercher des avions-poubelles"

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Message  jean pierre Lun 29 Aoû 2005 - 10:02

RAPHAËL NAYARADOU, directeur général et gérant de Roger Albert Voyages, principale agence de voyages en Martinique
"On est allé chercher des avions-poubelles"
LE MONDE | 26.08.05 | 13h43 • Mis à jour le 29.08.05 | 08h03
FORT-DE-FRANCE de notre envoyée spéciale






Ancien président du Syndicat national des agences de voyages (SNAV) pour les Antilles-Guyane, vous êtes très affecté par l'accident de l'avion de la compagnie colombienne West Caribbean lors duquel 160 personnes ont péri, le 16 août. Mais aussi très en colère...


Je ne peux qu'être bouleversé. En regardant les photos de ce bébé, en première page de France-Antilles , je me demande : pourquoi les parents ne me l'ont-ils pas confié avant de partir ?


Je suis en colère, effectivement. C'est compliqué pour moi de m'exprimer. On va me dire : si vous saviez qu'il y avait des vols dangereux, des agences de voyages qui ne font pas leur travail correctement, si vous saviez que des vies humaines étaient en danger, pourquoi n'avez-vous rien dit ? J'ai une conscience. J'ai quarante-deux ans d'expérience. Je veux dire aujourd'hui que je savais, que nous savions, que c'étaient des cercueils volants que les gens affrétaient. Et ça me tue.


On savait que la West Caribbean n'était pas sûre ?


On ne peut jamais prévoir un accident. Mais on a été taquiner le mammouth en allant chercher, au prix le plus bas, des avions-poubelles pour desservir la Caraïbe. Nous allons à la catastrophe, et au bout d'un moment je crois qu'il faut parler. Il serait bien de tirer les leçons de ce drame pour donner un début d'assurance aux passagers.


Le drame était évitable ?


Je ne veux prendre personne à partie, mais je dis qu'un minimum de contrôle devrait être effectué sur tous ces avions. Ce n'est pas en 45 minutes ou une heure de temps que l'on sait ce qu'ils valent.


Aviez-vous déjà entendu parler de cette compagnie colombienne ?


Jusqu'à ces derniers jours, non, mais il suffisait d'aller aux renseignements pour savoir qu'un avion de cette compagnie avait déjà été victime d'un crash, au mois de mars 2005, et que tout le reste de sa flotte était immobilisé. Les agences de voyages, ici, savent bien que toutes ces petites compagnies de Colombie sont des compagnies folkloriques, pour ne pas dire pire.


Votre agence ne travaille pas avec ces compagnies ?


Jamais je n'aurai recours aux compagnies colombiennes. De toutes celles d'Amérique latine, nous savons que ce sont les pires. Personnellement, la seule que j'aurais affrétée, c'est la COPA, la compagnie nationale panaméenne, qui présente un certain nombre de garanties. On attendait depuis longtemps l'accident d'un avion cubain, c'est un avion colombien, mais ce n'est pas une surprise.


La COPA n'était pas disponible, selon l'affréteur.


Chaque agence doit se demander en conscience si elle peut proposer une destination.


Comment une agence peut-elle vérifier l'état de service d'une compagnie ?


On se débrouille. On essaie par la bande. C'est presque une question de déontologie personnelle. Un vrai professionnel a toujours un correspondant dans le pays. On peut aussi vérifier ce que vaut la compagnie en se faisant fournir des contrats d'assurances. Mais beaucoup ne cherchent pas. Ils veulent seulement une compagnie capable d'assurer tel vol au tarif le plus bas possible.


L'agence de voyages est donc responsable ?


La loi dit que c'est celui qui encaisse qui endosse la responsabilité. Les agences qui se spécialisent dans des voyages au moindre coût avec des compagnies marginales paient aujourd'hui les sinistres conséquences de leur choix. C'est la conséquence du tourisme de masse.

Mais il y a aussi d'autres responsables, comme ceux qui font les contrôles, beaucoup trop légers, et effectués par le pays d'origine de la compagnie. Quand on sait que, dans les pays sud-américains, tout s'achète aujourd'hui... Et qui prendra le risque politique d'aller se fâcher avec Cuba ?


L'aviation civile réalise aussi des contrôles.


Je prends mes responsabilités et je le dis : je n'ai jamais vu l'aviation civile refuser un charter, sauf s'il vient faire concurrence avec une ligne d'une compagnie française. Or l'aviation civile est maître du territoire. C'est elle qui peut demander à un avion de s'immobiliser deux heures au sol pour un contrôle. C'est elle qui décide ou accepte un atterrissage.


Vous pensez qu'aux Antilles les vols sont moins sûrs qu'en métropole ?


Oui, car aux Antilles-Guyane, les ailes françaises sont absentes, et je le regrette. Pour les charters long-courriers, nous n'avons qu'un malheureux Airbus d'Air France et deux petits jets d'Air Caraïbes, qui tournent à plein.

Propos recueillis par Ariane Chemin
jean pierre
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